Interdépendances climat et biodiversité dans le Bassin du Congo : un environnement écologique local lentille de connaissance
Contexte du projet
Ayant été récipiendaire d’une bourse internationale du Département de biologie environnementale et évolutive de l’Université La Sapienza, j’ai commencé ma recherche doctorale en décembre 2021, en collaboration avec l’Université autonome de Barcelone. J’ai conçu un projet interdisciplinaire axé sur les liens entre les changements climatiques et écosystémiques dans le bassin du Congo à travers une perspective socio-écologique. Dans ce contexte, j’espère étudier à la fois les impacts directs des changements climatiques sur la dynamique des écosystèmes, et ses impacts indirects, via les réponses des communautés humaines locales à leur environnement changeant. À cette fin, je prévois d’utiliser une approche combinant les espèces clés écologiques (c’est-à-dire les espèces ayant un impact important sur la santé de leur écosystème) et les espèces clés culturelles (c’est-à-dire les espèces jouant un rôle culturel saillant pour les communautés humaines locales) comme indicateurs des changements climatiques et écologiques. au niveau du paysage.
Le bassin du Congo est une région d’importance écologique mondiale, du point de vue de l’atténuation du climat, de l’adaptation et de la conservation des écosystèmes, mais il est menacé par l’accélération des changements mondiaux, créant des boucles de rétroaction complexes avec des effets en cascade sur ses systèmes écologiques et sociaux. Cependant, un manque d’informations géoscientifiques et météorologiques empêche une analyse complète des impacts du changement global au niveau local. Mon projet vise à combler ce manque de connaissances en fournissant les données ascendantes nécessaires à l’élaboration de politiques régionales de conservation et de développement. Une partie de mon travail de terrain se déroulera dans la Réserve Communautaire du Lac Télé, un écosystème de zone humide tropicale unique au nord de la République du Congo, faisant partie du plus grand site Ramsar transfrontalier au monde (partagé avec la République Démocratique du Congo). Son rôle dans le plus grand complexe de tourbières des tropiques est d’importance mondiale pour le stockage du carbone (le stock de carbone des tourbières de la zone est estimé à 30 Gt). Suivant les principes de la recherche participative communautaire, je prévois d’appliquer des méthodes de différents domaines, y compris la biologie de la conservation, l’écologie et l’ethnographie, visant à mettre en contraste les observations des communautés locales sur les changements climatiques en cours et les impacts associés sur les systèmes biogéophysiques avec les preuves scientifiques des sciences naturelles.
Dans cette perspective, j’ai un fort intérêt à développer une étude comparative au niveau du bassin du Congo, en vue de générer une compréhension plus profonde de la variabilité des impacts des changements globaux sur la santé des écosystèmes et les réservoirs de carbone dans la région. J’ai discuté avec Jean-Jacques Braun, le chef de file du consortium VulcarFate, des similitudes entre la réserve communautaire du Lac Télé et le bassin de l’Ogooué, deux socio-écosystèmes et sites Ramsar d’importance mondiale en termes de biodiversité des zones humides, de diversité de la couverture des sols, d’intégrité écologique et de stockage de carbone, et également vulnérables aux défis liés aux changements climatiques et à l’utilisation des terres, à la dégradation du système fluvial et à d’autres types de perturbations anthropiques. Lors de discussions plus approfondies avec Victoria Reyes García et Christophe Demichelis, respectivement co-responsable et chercheur post-doctoral du Work Package 5 (WP5) du projet Vulcar-Fate, nous avons examiné comment le cadre conceptuel et les méthodes socio-écologiques développés pour ma recherche doctorale viendrait compléter les objectifs et les résultats attendus du WP5 visant à « comprendre les synergies entre les connaissances scientifiques et locales sur le changement du paysage ». Dans ce contexte, mon étude portera sur les liens entre les impacts directs et indirects du changement climatique sur les organismes vivants dans le paysage du Bas Ogooué, en évaluant les effets combinés du changement climatique, du changement d’affectation des terres et du changement de comportement humain sur la santé des écosystèmes. Alors que le WP5 se concentrera sur les perceptions du changement climatique local et des stratégies d’adaptation, je compléterai cette approche en 1) évaluant quantitativement les impacts potentiels des efforts d’adaptation sur la dynamique des écosystèmes, et 2) répertoriant les changements dans les espèces clés écologiques et culturelles pertinentes en tant que proxy pour les changements écologiques. changements se matérialisant au niveau du paysage.
Activités de recherche et résultats attendus
Dans un premier temps, j’appliquerai le protocole standardisé de collecte de données en méthode mixte développé pour mon projet de recherche dans la Réserve Communautaire du Lac Télé, adapté du projet LICCI »Indicateurs locaux des impacts du changement climatique : l’apport des connaissances locales à la recherche sur le changement climatique », développé par l’Université Autonome de Barcelone. Plus précisément, je compléterai les entretiens qualitatifs semi-directifs menés par C. Demichelis par une enquête quantitative pour mieux comprendre l’étendue des stratégies d’adaptation des populations locales (N=175 dans 3-5 villages). Ce protocole supplémentaire permettra une analyse plus fine de la variabilité des efforts d’adaptation entre les sexes et les groupes d’âge dans un environnement changeant, y compris également les moteurs ou les obstacles à l’adaptation. Je viserai à produire une liste condensée des réponses d’adaptation dans le paysage du Bas Ogooué et leur répartition entre les groupes de population humaine, qui, en plus de combler un manque de connaissances dans la région, permettra une meilleure évaluation des impacts potentiels associés sur la biodiversité des zones humides dans la deuxième partie de mon étude. Je concentrerai mes recherches sur les sites d’étude délimités lors de la mission exploratoire Vulcar-Fate prévue en avril 2022.
Dans un second temps, je conduirai une évaluation des impacts combinés des changements globaux et des réponses adaptatives humaines sur les écosystèmes humides tropicaux du paysage du Bas Ogooué, en mettant l’accent sur les changements de métriques (abondance, distribution et comportement) liés à un ensemble de les espèces clés écologiques et les espèces clés culturelles. Suite à des entretiens semi-structurés (N=20-25 dans 3 villages, en fonction de la saturation des informations) pour produire une liste de clés de voûte écologiques et culturelles pertinentes et recueillir des observations locales sur les changements observés, je mènerai une évaluation de la vulnérabilité au changement climatique (CCVA ) afin d’identifier les plus grands risques liés aux impacts du changement climatique, en utilisant une approche basée sur les caractéristiques. Cela permettra une analyse détaillée des impacts du changement global sur la dynamique des écosystèmes et les stocks de carbone, en conjonction avec les données produites par C. Demichelis sur la dynamique du paysage, ainsi que des informations sur la séquestration du carbone et le cycle de l’eau provenant d’autres WP.
Localisation des sites d’étude au niveau du Bassin du Congo, en République du Congo et au Gabon
Calendrier et budget prévus
Les protocoles de collecte de données sur les stratégies d’adaptation et les espèces clés écologiques et culturelles seront préparés avant la mission de terrain au Gabon. Le travail sur le terrain sera organisé en vue de coïncider avec le calendrier prévu de Vulcar-Fate et la collecte de données du WP5, couvrant une période de 45 jours (du 11/08/2022 au 23/09/2022), comme décrit ci-dessous. J’ai reçu une autorisation de recherche sur le territoire gabonais du ministère gabonais de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique pour ces activités.
